Internet a-grande-vitesse en Europe

Par Olivier Bonaventure

Aux Etats-Unis le développement d'Internet a grandement été favorisé par la politique volontariste de la NSF (http://www.nsf.gov) (National Science Foundation - le pendant américain du FNRS belge). Dès 1985, la NSF a financé la connexion de ses centres de super-ordinateurs à l'Internet. Mais le rôle majeur de la NSF a été la création d'un réseau backbone (épine dorsale) à l'échelle des USA auquel de nombreux réseaux régionaux se sont connectés. Le premier backbone "NSFNET" en 1987 comptait 6 noeuds à travers les USA et utilisait des lignes louées à 56 kbps. La saturation de ce backbone poussa la NSF à installer, en collaboration avec IBM (http://www.ibm.com) et MCI (http://www.mci.net) un deuxième backbone, comptant une dizaine de noeuds et des lignes à 448 kbps. Ce deuxième backbone fonctionna entre 1988 et 1989, date à laquelle les lignes louées furent remplacées par des lignes à 1.5 Mbps. Le financement de ce backbone par la NSF a continué jusqu'en mai 1995 ( à cette date, le backbone utilisait des lignes 45 Mbps depuis plusieurs années). En mai 1995, la NSF a estimé qu'il n'était plus nécessaire de subsidier massivement un backbone Internet, et que des backbones privés pouvaient facilement se substituer au backbone NSFNET. Aujourd'hui, plusieurs fournisseurs américains comme Sprint (http://www.sprintlink.net), MCI (http://www.mci.net), PSI (http://www.psi.com) ou AlterNet (http://www.alter.net) disposent d'un backbone national à haut débit. Depuis mai 1995, la NSF s'est limitée à subsidier des points d'interconnexion importants où plusieurs fournisseurs Internet (commerciaux ou liés au monde académique) s'échangent des paquets Internet et un réseau à 155 Mbps (http://www.vbns.net) reliant ses centres de super- ordinateurs. Actuellement, aux USA les backbones fonctionnent à 45 Mbps, et de nombreuses sociétés sont connectées via des lignes 1.5 Mbps.

En Europe, l'évolution a été un peu moins rapide, mais cela commence à changer. Plusieurs pays ont installé des backbones nationaux à grande vitesse. C'est la cas notamment de l'Angleterre, avec SuperJanet (http://www.ukerna.ac.uk) qui interconnecte déjà plusieurs universités à 155 Mbps, de la France où certains réseaux régionaux de RENATER (http://web.urec.fr/Renater) fonctionnent déjà à 34 Mbps, ou des pays scandinaves (http://www.nordu.net) qui sont parmi les plus actifs en Europe. D'autres pays développent des réseaux nationaux à 34 Mbps ou plus (http://www.dante.net/ten34/nn-high-speed.html). La Belgique reste pour le moment en retard vis-à-vis de ses principaux voisins européens. Le réseau académique belge BELNET (http://www.belnet.be) fonctionne actuellement avec des lignes à 2 Mbps, ou moins, et les fournisseurs commerciaux disposent d'encore moins de bande passante.

Jusqu'il y a peu, l'interconnexion de ces îlots à haut débit se faisait généralement avec des lignes à 2 Mbps, voire moins. Cela va changer dans les mois à venir, puisque les deux principaux backbones européens, EuropaNET (http://www.dante.net) et EBONE (http://www.ebone.net) viennent d'annoncer qu'un passage à 34Mbps de leurs liaisons principales était en cours. Pour EuropaNET, ce passage à 34 Mbps se fera en partie grâce au support de la Commission Européenne dans le cadre du programme TEN34 (http://www.dante.net/ten34). Pour EBONE, le passage à 34 Mbps pour les lignes principales est déjà en cours avec l'aide de France Telecom, Tele2 et Telia.

Ces nouveaux backbones à haut débit devraient permettre le déploiement de nouvelles applications, notamment multimédia, à l'échelle européenne... Pour que l'Europe ne reste pas à la traîne derrière les USA, il faudrait également que les lignes louées à 2 Mbps soient dans une gamme de prix comparable à celle des lignes 1.5 Mbps aux USA, ce qui n'est malheureusement pas encore le cas actuellement...

Olivier Bonaventure E-Mail olivier@rtfm.be


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Dernière modification de cette page : 9 novembre 1996