DU-PC au MAC et vice-versa

Par Georges Troupin

Avant-propos

Il est bien établi que le parc des ordinateurs est largement dominé par les IBM-PC équipés du processeur INTEL pour la plupart; dans ce parc, Apple ne représente que 10 % à peine. Parmi ceux-ci, les infographistes et les imprimeurs-éditeurs sont majoritaires, la vocation des Macs étant plus professionnelle dans son ensemble. Ils ont choisi Apple parce qu'à l'époque de leurs décisions, les logiciels équivalents, présentant la même puissance d'utilisation, n'existaient pas dans le monde des IBM-PCs. La situation a bien évolué entretemps; les chevaux de bataille du Mac sont maintenant disponibles en version PC, à quelques exceptions près. Citons notamment Quark Xpress, Illustrator, Photoshop, Claris. Inversément, des applications propres à Windows existent en version Mac, les produits des firmes Microsoft, Ray-Dream, etc. Faiblesse notoire qui n'arrangera pas les ludophiles: les jeux sont nettement plus nombreux dans le monde PC, sans toutefois rencontrer le désert sur Mac, loin s'en faut.

Les programmes P.A.O et D.A.O à caractère professionnel représentent un investissement parfois considérable. Très nombreux sont les logiciels dans la fourchette des 30.000 à 50.000 Fb. Rares sont les utilisateurs qui pourraient se permettre de disposer à la fois des versions Mac et PC pour leurs outils courants;l'intérêt est donc porté sur l'acquisition de nouvelles versions (`update' ou `upgrades') de ce qui existe plutôt que sur l'achat de logiciels-soeurs conçus pour un autre système. C'est ce qui explique que les programmes P.A.O. et D.A.O. auront encore une longue vie active sur les MACs.

Les choses étant ce qu'elles sont, on s'intéressera donc à connaître les procédures autorisant l'exploitation sur un système de fichiers textes ou dessins créés sur un autre système, la voie suivie étant via des logiciels de conversion ou parfois via des programmes d'émulation.

Lecture de médias PC par un Mac

Cela concerne les disquettes 3 1/2 "(DD ou HD), les CD-ROMs, disques optiques et cartouches diverses Syquest et Iomega, pour autant que le lecteur approprié soit un périphérique du Mac et est initialisé par le pilote fourni. Un utilitaire est livré avec les systèmes actuels MAC OS 7.x.x., `Echange PC/Mac Intosh'; installé dans le Tableau de bord, il est l'utilitaire de base pour la reconnaissance de tous les supports formatés DOS (y compris Windows 3.11, Win95 et OS/2); ces medias sont gérés par le Finder de la même manière que les supports Mac Intosh. Une fois introduits dans le lecteur, une icône individualisée apparait sur le bureau. Echange PC/Mac Intosh permet d'initialiser ces medias au format Mac ou PC, au choix.

Echange PC/Mac Intosh peut être configuré pour qu'un fichier PC lu par le Mac et caractérisé par son suffixe, soit d'office traité par une application Mac. En pratique toutefois, des applications-soeurs présentes sur le Mac, telles MsWord, Excel, Claris, WordPerfect, PageMaker, Photoshop, Illustrator etc., reconnaîtront d'office le fichier créé sur le PC par le logiciel correspondant. DOS Mounter 95 - programme commercial - est une alternative pour Echange PC/Mac Intosh; il est beaucoup plus rapide pour monter des volumes sur le Finder, peut créer des partitions Mac et PC sur le même support et respecte les noms longs de fichiers Mac et Win95, aussi bien au niveau du Finder que du bureau Windows.

Icones sur le bureau

Les fichiers PC du support lu par le Mac seront quasi tous représentés par la même icône marquée d'un gros "PC". Cela indique que Mac Os est incapable de déterminer quelles applications furent utilisées pour les créer, donc ne peut appeler une application Mac Os pour les ouvrir. En effet, le fichier peut être un texte, un dessin ou une feuille de calcul ou autre chose. Cette particularité est due à la structure des fichiers Mac. Ceux-ci sont caractérisés par un code `créateur' et un code `type':

- créateur (4 caractères): indique quelle application a été utilisée pour créer le fichier. Aucune confusion n'est possible: chaque développeur Mac donne à chacune de ses applications un code différent et unique. Un registre mondial de ces codes est tenu à jour par Apple-USA. Ce fichier est appelé également `resource fork'; il contient les resources utilisées par une application (menus, icônes,polies, sons, images,etc).

- type (4 caractères): indique le type de fichier. Cette information est importante car une application peut manipuler et générer des fichiers de plusieurs types; Excel en offre plus de 40 ! Ce fichier est également appelé `data fork': il contient tout type de données utlisées par l'application.

Si Mac Os ne détecte pas ces codes, le fichier restera imparfaitement connu tout en restant lisible, Mac Os proposant alors un choix d'applications - ou, à la limite, un éditeur Mac appelé SimpleText - susceptibles de pouvoir ouvrir le fichier en question. Cela ne signifie pas que ce dernier sera correctement interprété, au niveau des voyelles accentuées et autres codes ASCII >127 propres au PC notamment. Et ne parlons pas des codes de mise de page, de choix et de rehaussement de caractères. Toutefois, cela ne concerne pas les fichiers issus d'applications-soeurs.

Codes ASCII

Les codes ASCII du PC supérieurs à 127 Dec ne sont pas reconnus tels quels par le MAC. Une conversion s'impose, sauf pour des textes issus d'applications-soeurs où tout est automatique. Il existe plusieurs outils pouvant effectuer cette conversion. En voici quelques- uns :

Dos2Mac (freeware): convertit un fichier PC en fichier Mac, et vice-versa. Il suffit de glisser l'icône du fichier sur celle de Dos2Mac. Dos2Mac, lorsqu'il s'installe, détecte si le processeur du Mac utilisé est un 68xxx ou un PowerPC et charge les codes appropriés. - Nom du fichier : Dos2Mac 1.2f(fat), 65 Ko

Xlator (freeware): convertit un fichier MsDos, ISO ou NeXT en fichier Mac, et vice-versa. Peut également modifier les fins de lignes (linebreaks) pour les avoir au format Mac (CR seulement), Unix (LF seulement) ou MsDOS(CR et LF). Comme pour Dos2Mac, il suffit de glisser l'icône du fichier à convertir sur l'icône de Xlator qui affichera toutes les options disponibles. - Nom du fichier : Xlator 1.1 folder, 145 Ko

MacLink Plus (commercial): contient plus d'une centaine de traducteurs, prenant en compte les versions les plus récentes de logiciels Mac et PC. Un utilitaire, Fileview, livré en standard, permet de visualiser un document texte Mac, DOS ou Windows sans faire appel à l'application qui l'a créé et sans en traduire le format. FileView précisera si oui ou non MacLinkPlus peut effectuer la traduction; il donne aussi des conseils pour opérer dans les meilleures conditions possibles.

Dans MacLink Plus, il existe deux classes de traducteurs:

- niveau 1 : gère les styles de caratères, la justification, les marges, l'interlignage, les tabulations, le saut de page forcé

- niveau 2 : gère en plus les couleurs, les colonnes, les polices, les feuilles et étiquettes de style, les notes de bas de page et de fin de document, les en-têtes et pieds, les formats d'impression, la numérotation des pages, etc...

La conversion des graphiques et images intégrés est gérée uniquement dans des conversions entre traitements de texte Mac et les applications WordPerfect DOS et Windows, Microsoft Works et Word pour Windows. Nom du fichier : MacLink Plus 8.06 (env. 5200 Fb TVAC).

Fichiers Graphiques

Les formats TIFF, GIF et JPEG sont essentiellement les mêmes sue Mac et sur PC. Pour tout autre format, il y aura lieu d'utiliser un convertisseur de graphiques, GRFWK70E.ZIP sur le PC, GraphicConverter 2.2.(F) sur le Mac.

Lecture de médias Mac sur PC

Il existe plusieurs utilitaires permettant la manipulation de medias Mac sur le PC. Citons :

MAC-ETTE (shareware)

Permet de lire, écrire, formater et dupliquer des disquettes Mac 3 1/2" HD (1.4 Mo).

MAC-ETTE+ (commercial)

Comme la version précédente, mais permet en plus d'accéder aux CD-Roms et aux périphériques SCSI connectés au PC. Plusieurs médias formatés HFS, tels CD-Roms, disques optiques,cartouches SyQuest, peuvent être manipulés.

WREFONT (commercial)

WRefont (Windows Refont) convertit les polices Mac MacType1 et TrueTpe en polices Wndows.

Tout ce qui précède concerne les fichiers de données textes, dessins, photos,...). Il est évident que les outils metionnés ne permettront pas que des applications Mac, bien que transférées sur un suport PC, puissent être exécutées sur un PC. Et cela vaut dans les deux sens.

Pour le PC, il n'est pas possible par une voie hardware (utilisation d'un carte spéciale transformant le PC en un système à deux plate-formes, Mac et PC, car pareil hardware n'existe pas, à ma cnnaissance tout au moins). Par contre, il est possible d'émuler par un logiciel le système Mac sur un PC, avec plus ou moins de succès. Sur divers CD-Roms PC ont été distribués un ensemble, appelé Executor v1 Il s'agit de versions `démos' et tout semblait être valable avec les programmes-démos insérés dans l'ensemble. Toutefois, dès que l'on essayait d'autres programmes, les blocages devenaient très fréquents, surtout pour la gestion des moniteurs couleurs. Dernièrement, une nouvelle version d'Executor a été présentée; il s'agit de la version 2 qui corrige quantité de bugs de la version précédente mais n'en reste pas entièrement débarrassée. Pour ceux que cela pourrait intéresser, il il est préférable d'attendre la version 3. Mais quel intérêt y a-t-il de nos jours de recourir à une émulation Mac ? Antérieurement, cela pouvait se concevoir dans une recherche de l'interface du Mac, mais maintenant qu' OS/2 et Windows 95 reproduisent des interfaces se rapprochant ou imitant celle du Mac, l'intérêt devient vraiment tout relatif et même peu justifié.

Pour le Mac, les deux solutions existent, soit par émulation software, soit par utilisation d'une carte spéciale.

- solution hardware (carte spéciale à installer dans le bus)

Il existe plusieurs cartes offrant la double plateforme (Mac, PC) pour un Mac. Avec ces cartes, deux aspects se présentent:

-- Tout d'abord, ces cartes ne peuvent s'installer dans tous les ordinateurs Mac, et particulièrement les PowerPC. Elles sont équipées de leur propre mémoire physique (en général 8 Mo par défaut) qui peut être complétée, d'un processeur 80486.
-- Ensuite, le prix de pareille carte reste assez élevé (entre 25.000 et 35.000 Fb). A ce prix, il vaut presque mieux acquérir un PC !

Tout récemment, deux nouvelles cartes PCI sont connues:

- l'une avec processeur CyRix 586 100 MHz, avec 8 Mo de Ram extensibles
- l'autre avec processeur Intel Pentium 100 MHz, également avec 8 Mo de Ram extensibles.

Ces deux cartes permettent un double adressage, par exemple à Intrnet dans la partie Mac, à un serveur Novell NetWare dans la partie PC.

- solution software (émulation)

Dans ce domaine, on ne peut ignorer les logiciels conçus par la firme Insignia Solutions. Cela a commencé par SoftPC offrant une émulation d'un processeur 80286 25 Mhz pour MsDos v5 et un ensemble appelé SoftNode permettant pour un Mac un accès PC file server identique à celui d'un utilisateur PC, incluant la possibilité d'exécuter des applications PC multi-usagers. Via SoftNode, il est possible d'exécuter du logiciel PC client et d'accéder aux applications PC. Novell NetWare, Lan WorkPlace pour DOS, Lan Manager et Windows for Workgroups sont supportés par SoftNode. SoftPC ne possédait toutefois aucune émulation de Windows.

Le logiciel initial a fortement évolué. Sont disponibles actuellement :

- SoftWindows v2 qui, comme son nom l'indique, émule Windows v3.10, en plus de MsDOS v6.22 et divers émulateurs pour réseaux. Le processeur émulé est un 80486 66 Mhz; les mémoires étirées et étendues sont supportées. (La version v3 vient de sortir). Sans l'utilisation de Himem.sys, la mémoire disponible est de 572 Ko. Windows se charge en une vingtaine de secondes sur un Mac PowerPC 100 Mhz. Aucun problème rencontré à ce jour pour l'utilisation correcte d'exécutables MsDos et Windows. Binkley se charge en 4 secondes, mais ne peut établir une communication car le driver de communication (BN ou X00) ne parait pas être accepté par SoftWindows.

Tous les médias propres au PC (disquettes, CDRoms, cartouches SyQuest, disques optiques, etc.) sont acceptés en lecture et en écriture. Sur disque, SoftWindows prend une place de 2.5 Mo, plus la taille cumulée des partitions C: et éventuellement , leurD: créées

- SoftWindows 95 : la dernière version, assez récente, qui permet une émulation de Windows 95.

Cette émulation s'intègre parfaitement dans l'environnement MAC, grâce à un pilote ASP qui gère aussi bien les périphériques du Ma (généralement des SCSI) que ceux du monde PC (SCSI, IDE, etc.). Les imprimantes MAC sont acceptées dans l'environnement Windows; également comprise la gestion d'une grande variété de protocoles réseau en exploitant le code natif d'Open Transport. Via un nouveau plote audio et midi, SoftWidows 95 offre une compatibilité SoudnBlaster avec les applications Windows. Exigences : 16 Mo minimum de RAM (24 Mo sera plus confortable), 140 Mo libres sur disque dur.

Si les logicels autorisant l'exploitation des fichiers de données créés sur une plate-forme peuvent être exploités sur une autre s'avèrent être intéressants et utiles, par contre, les émulations de Dos et Windows ne peuvent intéressés que les Macmaniaques hermaphrodites, empreints d'une certaine nostalgie. Cela parait d'ailleurs être une bataille d'arrière-garde face ce qui se prépare intensément.

Vers Les Ordinateurs universels

`Common Hardware Reference Paltform (CHRP)' est un ensemble de spécifications dictées par Apple, IBM et Motorola dont le but est `la définition des caractéristiques matérielles pour faire fonctionner les principaux systèmes d'explotation et leurs applications'. Les constructeurs (IBM, Apple, Compaq,...) vont concevoir des unités centrales respectant cette norme; même préoccupation chez les concepteurs de systèmes opérationnels.

Le microprocesseur d'une machine CHRP est un PowerPC à partir du modèle 603 (ou plusieurs PowerPC 604 pour les machines multiprocesseurs); il est appelé `PowerPC Platform (PPCP)'. Windows 3.x et Windows 95 ne pourront, dans l'état actuel, fonctionner sur cette machine en mode natif parce qu'ils sont liés à l'architecture INTEL, non compatible avec le PowerPC. Mais les applications Dos et Windows pourront tourner en émulation, comme le fait actuellement SoftWindows. Si les efforts de Microsoft sont importants pour aboutir à un système tournant en mode natif, ceux-ci ne sont pas moindres chez Apple où une part importante de son Mac Os est logée en ROM. Moyennant quelques adaptations, les systèmes `portables' seront toutefois disponibles en version native. Six sont prévus à plus ou moins brève échéance : Mac Os (déjà fait), AIX (l'Unix d'IBM), Warp Connect (IBM), Windows NT (Microsoft), NetWare (Novell) et Solaris (SunSoft). NexStep (NeXT) pourra se joindre à ce peloton.

Les modèles CHRP (=PPCP) de base n'accepteront qu'un seul système à la fois; il faudra rebooter pour en changer. Sur les modèles très évolués, la cohabition de plusieurs systèmes est acceptée (machines multi-bootables) et, via un menu, l'utilisateur choisit le système qu'il veut lancer. Une interface logicielle (RTAS: Runtime Abstraction Services) garantit l'indépendance d'un système d'exploitation. Il peut y avoir plusieurs interfaces RTAS, chacune correspondant à un système différent; à la volée, on passe d'un système à un autre.

Où en est-on dans ces projets ?

Début février 1996, Apple a présenté une version de développement du Mac OS s'exécutant sur un ordinateur prototype équipé d'un PPCP. Les spécifications `platform' peuvent théoriquement exécuter n'importe quel système opérationnel conçu pour cette plate-forme. Le prototype a été construit par IBM; il exécute des applications Power Mac et reconnait des périphériques autres que ceux d'Apple et d'IBM. La version finale du Mac Os est prévue pour fin 1996 et les premiers Mac l'équipant apparaîtront début 1997.

Compaq prépare des compatibles PPCP; des discussions sont en cours avec Bull et Motorola pour développer des serveurs fondés sur le processeur PowerPC 620. La firme est particulièrement intéressée par la grande variété de systèmes d'exploitation potentiellement disponibles sur cette plate-forme.

IBM a déjà réalisé une version OS/2 pour les PowerPC PCI du Mac; le passage d'OS/2 sur un PPCP suivra dans les mois à venir.

Verra-t-on via ces intentions et leurs premières réalisations la naissance d'un ordinateur universel ? Un avenir assez proche nous le dira. Il apparait quand même une tendance chez les grands constructeurs de matériels et de logiciels à se distancer d'un individualisme et de contraintes inhérentes qui deviendront de plus en plus obsolètes, encore faudra-t-il que cette tendance se concrétise. Mais Big Bill acceptera-t-il de mettre un frein à ses ambitions dominatrices ? Qui sait, ou plutôt quelle sera sa réponse ?. Devra-t-il devenir un constructeur de PC pour sauvegarder son acquis colossal ?

Sources d'information : périodiques MacWeek, Mac User, SVMMac, Tidbits.

Georges Troupin E-Mail Georges.Troupin@rtfm.be


Retour à la page principale de En-Ligne

E-Mail WebMaster

Dernière modification de cette page : 13 novembre 1996